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Prostituées... de fin de mois

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Second of two articles, in french, in [URL="http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201311/24/01-4714140-prostituees-de-fin-de-mois.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4714143_article_POS3"]Le Soleil[/URL] a paper from the Québec city area.

Oubliez donc aussi les réseaux de prostitution et les bars comme lieu d'entremise. La prostitution de subsistance prend forme subtilement.

«�a existe, il n'y a aucun doute là-dessus. C'est davantage de la prostitution de fin de mois. Des gens seraient portés à penser que ça touche un certain style de fille? Non. Ce sont souvent des mères monoparentales, qui ont besoin de payer l'électricité, l'épicerie, le loyer. Elles vont avoir une relation avec le proprio, avec un "ami", des gens que les femmes connaissent. Elles ne se voient pas comme faisant de la prostitution. "Il est seul. Il m'a laissé de l'argent parce qu'il sait que j'en arrache." C'est un arrangement "amical", mais elles n'ont pas le choix», explique Hélène Morin, coordonnatrice de Femmes en mouvement, de Bonaventure.

La Gaspésie est l'une des régions aux prises avec ce phénomène de prostitution de fin de mois. Mme Morin assure que les endroits où «les femmes gagnent seulement 75 % du salaire des hommes, [où] elles s'occupent souvent des enfants et des proches en difficultés» sont susceptibles de générer le phénomène.

[I]Aide sociale insuffisante[/I]

«L'aide sociale, pour celles qui en reçoivent, ce n'est pas suffisant, même avec la dernière hausse [...]. Le salaire minimum est à 10,15 $ l'heure. S'il était monté à 11,37 $, les gens travaillant 40 heures par semaine atteindraient tout juste le seuil de pauvreté. Ce sont surtout des femmes qui travaillent au salaire minimum, et souvent avec des emplois à temps partiel [...]. Les hausses de tarifs à Hydro-Québec, c'est une catastrophe [...]. Hydro coupe de plus en plus le courant depuis deux ans. Les pauvres habitent les logements les plus mal isolés, en plus», dit-elle à propos des foyers où la prostitution peut surgir.

Hélène Morin travaille depuis 14 ans à Femmes en mouvement, un groupe de soutien oeuvrant dans diverses sphères d'appui à la gent féminine. Il lui a fallu quelques années avant de voir des femmes se confier à elle au sujet de la prostitution de subsistance.«Elles subissent un impact incroyable sur l'estime de soi en se vendant, même inconsciemment. Il y a des femmes avec des enfants, et ils ne vivent pas dans une bulle. Ils voient ce qui se passe. Dans le village, ça se sait. Ce [aller coucher avec le propriétaire ou un "ami"] n'est pas comme faire une descente en canot», ajoute Mme Morin.

Femmes en mouvement, comme les autres centres similaires en Gaspésie et aux �les-de-la-Madeleine, soutient donc les victimes de la prostitution de subsistance, notamment pour les sensibiliser à la possibilité de contracter des maladies transmises sexuellement et à l'existence du dépannage alimentaire.

«Souvent, les groupes en sécurité alimentaire sont fermés trois mois par année, parfois quatre, faute de budget. Une famille ne peut généralement obtenir plus d'un dépannage alimentaire par trois mois. Il reste deux mois pour trouver des solutions par ses propres moyens. Mais ces femmes sont pauvres 12 mois par année. On a de la bouffe congelée au centre pour les femmes qui arrivent sans manger.

J'insiste; nous ne sommes pas la seule région dans cette situation. On appuie aussi en aidant les femmes à obtenir une allocation de logement, pour le paiement de pension par l'ex-conjoint dans les cas où il n'y a pas d'entente, ou par le biais d'un accès aux HLM [habitations à loyer modique].

Beaucoup de femmes ne sont pas allées chercher tout ce à quoi elles ont droit [comme pension] pour ne pas faire de chicane», poursuit Mme Morin.S'il lui a fallu quelques années avant de gagner la confiance des femmes se livrant à la prostitution de fin de mois, Hélène Morin a aussi remarqué que les dames mettent parfois des années avant de se l'avouer.

«J'en avais une, avec trois enfants. C'est quand sa plus jeune a gradué de l'université qu'elle a parlé. C'est maintenant que ça frappe pour elle, six ou sept ans plus tard», dit Mme Morin.

Elle voit une seule autre forme de prostitution en Gaspésie, «plus ponctuelle, quand il y a de grands chantiers de construction. Il y a des femmes du coin qui y vont, plus jeunes, des inconnues».

*******

S'en sortir, un travail de longue haleine
Marie-Line Arsenault, coordonnatrice du Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, assure que la route peut être longue pour sortir certaines femmes de la prostitution de subsistance, surtout dans le cas de celles qui ont toujours été mal encadrées.

«On a des femmes qui sont très fragiles. On leur apprend à aller chercher de l'aide autrement, à faire des choix, comme des amis qui n'abuseront pas d'elles. Il y a des femmes qui ont toujours été entourées de gens qui ont abusé. Il faut prendre un temps d'arrêt. Elles sont seules. On essaie de leur dire de ne pas emménager avec un homme au bout d'une semaine», note Mme Arsenault.

Accompagner les femmes les plus mal en point constitue «un travail de longue haleine. Il faut les empêcher de retomber dans les mêmes sillons, considérer qu'un jeune enfant exposé à la sexualité a une "chance" de développer une sexualité débridée. Il faut briser l'isolement de ces femmes, dans un contexte où les étiquettes sont faciles à placer. Il faut comprendre que nous sommes en présence de personnes hypothéquées, que nous intervenons de façon volontaire et que nous touchons des choses très personnelles», conclut-elle.

Hélène Morin, de Femmes en mouvement, précise «qu'on accueille, peu importe le statut». Une fois assurée la sécurité physique de la femme, on amorce l'appui moral et psychologique. «�a prend beaucoup d'implication. C'est une vie à reconstruire. On ne juge pas les moyens adoptés par ces femmes, même s'ils se limitent à la semaine qui vient parfois. En survie, tu ne penses pas à long terme.»

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